"Le cinéma se tient sur la frontière entre la matière et l'image, l'inerte et le vivant1." Matières inertes rendues mobiles grâce à la technique image par image utilisée dès 1907 en Europe par Segundo de Chomón dans El hotel eléctrico. Chomón que l'on retrouve, dans cette programmation proposée par le CNC, dans un film singulier, Sculpteur moderne (1908), mêlant tours de magie et séquences d'animation où la matière prend subitement vie.
Ce programme éclectique parcourt soixante-dix ans de production hexagonale et met en exergue des auteurs remarquables parfois oubliés. Une belle occasion de connaître Bicard et l'agent Balloche dans L'Affaire de la rue Lepic (1922), le vaudeville réalisé par Raymond Galoyer et André Yvetot, d'apprécier le travail du fidèle assistant de Ladislas Starewitch, Bogdan Zoubowitch, dans Histoire sans paroles (1934), de revoir Renaissance de Walerian Borowczyk (1963), et de découvrir Sophie et les gammes de Julien Pappé (1964).
Nous saluerons les frères Bettiol dans leur adaptation de Samuel Beckett, Acte sans paroles (1965), et enfin nous nous laisserons entraîner par l'exceptionnelle version de Barbe bleue (1978) d'Olivier Gillon, libre et moderne, soulignée par une musique signée Georges Delerue.
1 Réjane Hamus, 1895 (Segundo de Chomón), n° 27, septembre 1999
JEAN-BAPTISTE GARNERO
Chargé d'études documentaires
Archives françaises du film