Immersion dans les années 60 de l’industrie animée chinoise : entre esprit créatif, innovations techniques, et début de la révolution culturelle.
Encouragé par l’âge d’or dans lequel se trouve le cinéma d’animation chinois, le début des années 60 se poursuit dans la continuité de la décennie précédente. Les effectifs des studios de Shanghai atteignent 380 personnes et deux nouvelles techniques voient le jour, revendiquant cet esprit d’innovation particulièrement affirmé.
La première, le "lavis animé", résultat de plusieurs années de recherches assidues, qui a permis de donner vie aux peintures à l’encre de grands artistes tels que Qi Baishi ou Li Keran. Malgré des résultats impressionnants à l’écran, cette nouvelle technique est particulièrement exigeante et demande d’immenses capacités artistiques ainsi qu’un niveau très élevé de technicité.
La seconde, quant à elle, réside dans la réalisation, en stop-motion, de films en papier plié, instaurée par Yu Zhigung. Très simple dans son support, cette technique exige néanmoins un réel talent afin de créer des personnages attachants et crédibles, émancipés de l’aspect fragile et simpliste du papier.
Cette période de création fertile s’assombrit à partir de 1964, avec la montée des idéologies d’extrême gauche. Ces dernières reprochent à l’industrie d’animation un cruel manque d’investissement politique au sein des films et censurent certaines œuvres cultes, dont La Flûte du bouvier, La Conque dorée et Le Roi des singes. Dès lors, la production est stoppée, les anciens films sont retirés du marché et les animateurs sont envoyés à la campagne afin d’y être rééduqués ; c’est le début d’une révolution culturelle longue de plus de dix ans.
Sous l’égide de la spécialiste Marie-Claire Kuo-Quiquemelle, le Festival vous propose une sélection d’œuvres célébrant cet âge d’or de l’industrie d’animation chinoise, juste avant l’arrivée de la censure.