Synthèses des conférences 2014

Anatomie de 2 studios d'animation en volume : Aardman Animations et LAIKA | Peter Lord, Aardman Animations - Mark Shapiro, LAIKA © G. Piel/CITIA

Anatomie de 2 studios d'animation en volume : Aardman Animations et LAIKA

  1. Intervenants
  2. Modérateurs
  3. Aardman Animations
  4. LAIKA

Sommaire

Aardman Animations a été créé en 1972 par Peter Lord et David Sproxton. Avec 130 permanents et une équipe pouvant compter jusqu’à 300 personnes en pic de réalisation d’un long métrage, le studio est désormais un centre de production avec plusieurs départements dédiés : séries TV, pôle numérique (apps, jeux), prestation de contenus (clips, événementiels), merchandising-licensing et longs métrages. De son côté, le studio américain LAIKA produit majoritairement des longs métrages qui allient marionnettes en stop-motion et images de synthèse. Depuis son second film, ParaNorman, LAIKA s’appuie sur le prototypage 3D pour optimiser la création d’éléments amovibles de personnages.

Intervenants :

Modérateurs :

Mots clés

Lord, Aardman, Morph, Wallace, Gromit, Park, animation, stop-motion, Shaun, LAIKA, Coraline, ParaNorman, Boxtrolls, prototypage, 3D 

Aardman Animations

Peter Lord, Aardman Animations

Peter Lord est, avec David Sproxton, à l’origine du studio d’animation en stop-motion Aardman Animations, basé en Angleterre. Dans le cadre de cette conférence, il est revenu sur l’histoire de ce studio singulier et sur ce qu’il recouvre aujourd’hui.

Aardman ne provient pas du nom d’un fondateur du studio mais bien d’un personnage de super-héros imaginé par Peter Lord lorsqu’il avait 15 ans ; le préfixe "Aard" est lui-même issu du nom d’un mammifère fourmilier d’Afrique, l'aardvak (ou oryctérope du Cap). Le film faisant figurer ce personnage, réalisé en animation traditionnelle, a été vendu à une chaîne de télévision, ce qui a permis d’orienter Peter Lord vers ce secteur.

C’est en 1972 que celui-ci choisit la pâte à modeler comme mode d’animation : "il n’y avait pas d’idée précise à l’origine, juste que nous avions vu un film produit de cette façon et que cela nous plaisait. Nous avons été remarqués non pas par notre côté innovant mais parce qu’à l’époque, nous étions les seuls à pratiquer cette animation image par image", confesse-t-il.

Il crée son deuxième personnage, baptisé Morph, en 1976, qu’il mettra en scène dans un court métrage du même nom. Basé à Bristol, "pas vraiment le centre britannique de l’animation", Peter Lord en convient, le studio ne comptait à l’origine que cinq personnes, dont les deux fondateurs. L’arrivée de Nick Park au sein d'Aardman en 1984 marque une étape ; son court métrage Creature Comforts, en 1989, est acheté par Channel 4 et permettra au studio de devenir l’un des plus importants au niveau international.

Aujourd’hui, Aardman Animations compte 130 permanents avec une équipe pouvant aller jusqu’à 300 personnes en pic de production d’un long métrage. Aardman est désormais un centre de production avec plusieurs départements dédiés. Le premier se consacre aux séries télévisées : "Nous avons toujours voulu éviter de faire des séries à la chaîne, ce qu’on nous demandait régulièrement, pour nous consacrer à des projets qui nous tenaient à cœur. C’est d’autant plus difficile que la production de séries TV en pâte à modeler est très complexe à réaliser, avec un coût financier important". Parmi les exemples les plus marquants, Shaun the Sheep est une série de plus de 100 épisodes, vendue dans 170 pays. Son adaptation en long métrage sortira en salle le 1er avril 2015.

Le second département, nommé Aardman Digital, s’attache aux productions numériques (offline et online). "Au départ, il ne s’agissait que d’une activité secondaire, mais la production de jeux en ligne, apps et autres sites Web est devenue un point très important de notre studio", admet Peter Lord. Une équipe d’une quinzaine d’artistes s’attache à la fabrication des produits dérivés des productions Aardman mais acceptent également des prestations externes. "C’est actuellement le département le plus rentable avec un potentiel énorme."

En troisième lieu, Aardman Animations propose au sein de son département Partner Contents la réalisation de vidéoclips musicaux, de publicités télévisées ou encore de films événementiels comme le "plus petit film de stop-motion", filmé avec le Nokia N8 et intitulé A Tiny Scale, ou encore le Tate Movie Project soutenu par la Tate Gallery.

Le Marketing et Licensing est "primordial mais ennuyeux", précise Peter Lord qui cite en exemple les 342 millions de téléchargements des jeux basés sur Shaun the Sheep ou encore les nombreux événements mis en place autour des marques phares comme Wallace et Gromit ; "le plus dur est de maintenir l’intégrité de nos propriétés intellectuelles".

Enfin, la dernière activité d'Aardman Animations est le long métrage. Shaun the Sheep sera le sixième depuis 1996.

Soucieux de préserver l’originalité et le niveau de qualité et d’exigence du studio, Peter Lord préfère le mot spontanéité à celui de perfection. "Il y a un tel niveau de reconnaissance de nos personnages, comme Wallace et Gromit, de la part du public, que nous nous devons de maintenir un haut niveau de production tout en respectant ce qui fait notre cœur de métier."

LAIKA

Présentation du studio LAIKA :

LAIKA est un studio entièrement dédié à la production de films d’animation en stop-motion : longs métrages, publicités et courts métrages. Il est basé dans la banlieue de Portland (Oregon) et compte une quarantaine de personnes, avec des pics à 400 en fonction des productions.

Le premier film produit en images de synthèse par LAIKA, en 2005, s’intitulait Moongirl, mais c’est en 2009 que le studio s’est fait connaître grâce au long métrage en stop-motion Coraline réalisé par Henri Selick d’après une histoire de Neil Gaiman. "Le personnage de Coraline a été fabriqué en 28 exemplaires, note Mark Shapiro, directeur du marketing de LAIKA, à raison de 4 mois de production pour chacune des marionnettes. Pas moins de 6 300 éléments mobiles et amovibles ont été nécessaires pour permettre de jouer avec une large gamme d’expressions faciales de ce personnage."

En tout, chaque animateur produisait entre 2 et 7 secondes d’animation par semaine !
Désireux de mettre en avant le travail des artistes, LAIKA a choisi de mettre l’accent, dans le cadre de sa stratégie marketing, sur la réalité et le quotidien de leur travail via des interviews filmées d’une bonne partie de l’équipe, au même titre que du metteur en scène et du réalisateur.

Réalisé par Sam Fell et Chris Butler, ParaNorman (ou L’Étrange Pouvoir de Norman, titre français) est sorti en 2012. Alors que Coraline misait plus sur la fabrication manuelle d’éléments des personnages, ParaNorman est le premier film en stop-motion à s’appuyer sur le prototypage rapide 3D pour la création des visages des personnages. Ainsi, pour rester au plus près des exigences artistiques des réalisateurs et des attitudes des héros, pas moins de 31 000 parties différentes de visage (haut et bas principalement) ont été créées, à partir de modèles 3D sous Maya. Quatre imprimantes 3D ont fonctionné ensemble durant la production pour un total de 572 jours. Pour ne citer qu’un exemple, Norman dispose de près de 8 000 faces avec des éléments différents, permettant jusqu’à 1,5 million de combinaisons d’expressions faciales différentes !

The Boxtrolls est le troisième long métrage de LAIKA, adapté du best-seller d’Alan Snow, Here Be Monsters! (Au bonheur des monstres). Tout comme pour ParaNorman, le studio a utilisé le prototypage 3D pour fabriquer les personnages et les différents éléments (bras, jambes, parties du visage) qui les composent à partir de modèles créés dans Maya. Le film mélange également prises de vues en stop-motion et images de synthèse, même si le recours à celles-ci n’était pas systématique : "Les Boxtrolls ont les yeux qui brillent dans le noir et, dans un premier temps, nous avions pensé les intégrer en postproduction numérique mais, finalement, ce qui devait être un gain de temps s’est avéré difficile à envisager", explique Mark Shapiro. Les paires d’yeux de chacun des Boxtrolls ont donc été doublées selon la séquence diurne ou nocturne.

Une autre difficulté résidait dans le "corps" des Boxtrolls : "Comme leur nom l’indique, leur torse est dissimulé par une caisse de laquelle ne dépassent que la tête et les membres. Or, chacun a une morphologie différente et, de fait, une boîte de volume différent, ce qui a eu beaucoup de conséquences sur l’animation, principalement au niveau des articulations".

Tout comme sur leur précédent film, la prise de vues s’est faite avec des Canon 5D Mark II et des optiques Canon ; "pour les systèmes de motion control, permettant le mouvement automatisé des caméras, explique Mark Shapiro, nous avons poursuivi avec des systèmes Kuper et propriétaires principalement pour les gros plans en relief". En moyenne, les animateurs parvenaient à finaliser entre une et deux secondes d’animation par semaine. The Boxtrolls sortira sur les écrans à l’automne 2014.

Rédigé par Stéphane Malagnac, Prop'Ose, France

Traduit par Sheila Adrian

Les synthèses des conférences Annecy 2014 sont réalisées avec le soutien de :

DGCIS     Ministère de l'économie, du redressement productif et du numérique     Région Rhône-Alpes

Conférences organisées par CITIA CITIA

sous la responsabilité éditoriale de René Broca et Christian Jacquemart

Contact : christellerony@citia.org

 Retour