Le Grand Sommeil

David Anderson

Immersion dans l’univers du britannique David Anderson, qui marqua son temps par sa créativité audacieuse.

Révélé par Dreamland Express en 1982, le cinéaste britannique David Anderson, né à Londres en 1952, est connu et reconnu pour son style singulier. Le court métrage Dreamland Express, adaptation cinématographique de 14 minutes du livre de H.R. Millar publié en 1927, est récompensé d’un BAFTA pour son audace. Cette œuvre a en effet été l’occasion pour le cinéaste de proposer toute l’étendue de sa palette d’images modernes et non conventionnelles, animée par une inventivité technique qui définira l’ensemble de sa filmographie. Non conformiste, Anderson n’hésite pas à réécrire la fin de l’œuvre de H.R. Millar. Alors que le jeune héros devait retrouver la quiétude de son lit, le cinéaste a pris le parti de garder son héros dans l’univers inquiétant du rêve, dépeignant ainsi une vision troublée et agitée de notre monde.

Abonné aux récompenses, Anderson reçoit le prix de la paix au festival d’Hiroshima pour son film Dreamless Sleep (1986), qui traite de l’angoisse individuelle à l’ère nucléaire. Sa carrière audacieuse se poursuit dans cette démarche créative remarquée. Entre publicités (Mastercard, Eurostar) et projets personnels, comme Deadsy (1989) ou Door (1990), Anderson excelle dans le renouvellement des genres et ne cesse de surprendre par ses esthétiques riches et marquantes.

En 1994, il achève la création de la séquence animée In the Time of Angels et poursuit alors sa passion pour l’image en mouvement en explorant le monde la danse – il signe Motion Control en 2002 puis A Sense of Gravity en 2003. Son dernier film, réalisé en 2008, sera Tongue for the Hidden, une invitation à la découverte de la culture persane.

Grand habitué du Festival, Anderson y a notamment reçu le prix de la critique internationale Fipresci en 1991. Pour célébrer l’ensemble de sa carrière, le Festival vous propose de vous plonger dans l’univers singulier de ce cinéaste de l’animation britannique disparu en 2015.

Eduard Nazarov

Le Grand Sommeil vous invite à l’évasion à travers l’univers satirique et poétique du russe Eduard Nazarov.

Né à Moscou en 1941, Eduard Nazarov intègre le monde de l’animation en 1959 au sein du prestigieux studio d’animation russe Soyuz Multifilm. Intime du réalisateur et animateur Fiodor Khitrouk, il collabore sur plusieurs de ses projets, dont notamment Winnie the Pooh (1969-1972). Mais c’est avec ses propres travaux que Nazarov gagnera en notoriété. Parmi eux, nous retiendrons La Chasse (1979), récompensé aux festivals de Kiev, Huesco et Espinho et Le Voyage d’une fourmi (1983), primé à Zagreb. C’est cependant Il était une fois un chien, adaptation d’un conte ukrainien réalisée en 1982 et récompensée par le prix spécial du jury à Annecy, qui restera l’œuvre la plus notable et la plus remarquée du cinéaste.

Caractérisés par une esthétique poétique et un humour tout en finesse, ces classiques séduisent petits et grands, et leur apparente simplicité cache en réalité un profond souci du détail visuel et de l’atmosphère sonore. Véritable touche-à-tout, Nazarov intervient par la suite dans l’élaboration de plusieurs courts métrages et séries d’animation en revêtant une multitude de costumes : auteur, adaptateur, directeur artistique, et même doubleur pour une ribambelle de personnages animés.

En 1993, il fonde le studio-école d’animation Shar, avec Andreï Khrjanovski, Fiodor Khitrouk et Iouri Norstein, où il enseigne également. La vice-présidence de l’Asifa et la coprésidence du festival de Krok complètent la carrière d'Eduard Nazarov, qui reçoit en 2012 la médaille de l'Artiste du peuple de la Fédération de Russie, avant de s’éteindre en 2016, à l’âge de 75 ans.

Cette année, dans le cadre de son programme spécial Le Grand Sommeil, le Festival d’Annecy rendra hommage à ce maître de la tradition russe.

George Geertsen

Hommage au pionnier de l’animation documentaire, George Geertsen, disparu en janvier dernier.

Pionnier de l’animation documentaire, George Geertsen, cinéaste canadien d’origine danoise issu d’une formation en dessin et en peinture à l’Ontario School of Arts, s’est illustré dans des réalisations remarquées et saisissantes telles que Dans un parc (1972) et En prison (1975). Basées sur la mise en mouvement d’une série de croquis qui dépeignent des instants de la vie contemporaine (un parc urbain pour Dans un parc et un centre pénitencier pour En prison), ces œuvres reflètent un style sensible et juste, caractérisé par un réalisme brut et simplifié à l’extrême.

Dans L'Homme : un voyage dans le temps, réalisé en 1984, le cinéaste relève avec brio le défi de synthétiser toute la complexité des principaux épisodes de la préhistoire en utilisant métamorphoses et raccourcis visuels. Toujours attaché au réalisme, avec néanmoins un réel souci d’y intégrer une touche d’humour, Geertsen signe en 1987 Diplôme Diplôme, qui traite des perspectives d’emploi pour les jeunes diplômés.

Son plus grand succès demeure à ce jour La Bastringue Madame Bolduc (1992), classique du répertoire de l’ONF, une animation fantaisiste et pleine d’entrain qui rend hommage à la chanson de La Bolduc, chanteuse québécoise. Quelques années plus tard, en 1996, Geertsen signe le didactique Les Mots, qui se différencie par son esthétique colorée, en opposition radicale avec le réalisme brut de ses débuts. Le cinéaste s’intéressera à l’animation stéréoscopique dans la courte vignette intitulée Canada 3D avant de s’éteindre en janvier 2017.

En hommage à sa récente disparition, le Festival vous invite à découvrir ou à redécouvrir le cinéaste, dans le cadre du Grand Sommeil.

Sarah Mallinson

Immersion dans l’univers coloré et créatif de la Britannique Sarah Mallinson, virtuose de l’image et muse de Peter Földes.

Muse et collaboratrice du célèbre réalisateur et dessinateur britannique Peter Földes, l’Anglaise Sarah Mallinson fait ses débuts dans l’animation en 1964. Aux côtés de son mentor, elle participe à l’élaboration de nombreux courts et longs métrages, publicités et bandes dessinées. En 1981, elle réalise Play Black, un hommage à l’atelier de Foldes, dans lequel l’intégralité de ses créations a vu le jour.

Sources d’inspiration inépuisables, les objets, les dessins et les outils ont pour Sarah Mallinson une espérance de vie éternelle, et l’artiste s’attache à leur donner vie en animation d'objets et en vues réelles. Elle utilise également les dessins de Peter Földes, faisant vivre la mémoire et le talent de cet artiste disparu prématurément.

Avec la société qu’elle a créée à Paris et à Londres, Sarah Mallison produit et travaille sur des centaines de productions, dont notamment la collection L’Opéra imaginaire, chef-d’œuvre d’animation nommé aux Anny Awards de 1995-1996.

Animée d’un réel amour pour l’image dans tous ses états (de synthèse, réelle ou dessinée), Sarah maîtrise avec brio le mélange des techniques, la fabrication de décors ainsi que le montage. Cela lui permet de s’illustrer dans un large panel de genres : clips, publicités, pour la science, l'art ou le design, entre parcs d’attractions et légendes folkloriques !

Artiste et femme accomplie, Sarah a marqué les esprits, comme en témoigne son amie, la réalisatrice Monique Renault : "Sarah : La beauté personnifiée. Pas seulement physique, bien sûr, mais aussi intérieure, avec, en plus, le talent, la fidélité dans l’amitié comme dans le travail. Le cinéma correspondait à son tempérament d’inspiratrice, de rêveuse et de battante… La beauté même".

Disparue récemment, cette animatrice de talent sera mise à l’honneur dans le cadre du programme spécial Le Grand Sommeil.